[CRITIQUE] « Love », réalisé par Gaspar Noé

Premier jour de la nouvelle année, le téléphone de Murphy, 25 ans, sonne. Se réveillant aux côtés de sa jeune épouse et sa petite fille, il écoute le message présent sur sa boîte vocale. La mère d'Electra laisse un message inquiétant, puisque la jeune femme aurait disparu et ne donne aucune nouvelle depuis longtemps. Elle craint qu'il lui soit arrivé un accident grave ou tout autre.

Le temps sera alors propice aux souvenirs pour Murphy, se retrouvant seul dans son appartement et se remémorant sa plus folle et grande histoire d'amour avec Electra. Les deux jeunes gens ont vécu plus de deux ans ensemble. C'est une véritable passion qui animait cette aventure, et le spectateur au cinéma est invité avec le film Love à revivre les meilleurs ou pires moments de ce passé à la fois ampli d'amour, de jouissance et d'excès, entremêlés par des promesses qui n'ont jamais été réalisées.

Habitué du Festival de Cannes avec la présentation Hors-compétition en 2005 d'Irréversible, défi technique et scénaristique, ou encore avec la présentation d'Enter The Void, véritable chef-d'oeuvre prenant pour décor la vie nocturne de Tokyo, Gaspar Noé revient avec Love, un film projeté uniquement en 3D au cinéma. Le buzz alimentant et faisant très simplement la promotion du film Love, la sortie de la bande-annonce annonçant très clairement la couleur par un extrait très explicite, le film est présenté par Noé comme une réalisation au cinéma basée sur les sentiments avant tout, même si quelques scènes sulfureuses et pornographiques sont tournées sans aucun simulât. La séance de minuit à Cannes de Love a provoqué la cohue à l'entrée, du jamais vu. Alors, pétard mouillé ou véritable pépite ? Réponse :

Love Ou La Pornographie Tout Public

La séance se lance. Le spectateur est invité à mettre ses lunettes 3D, et le film Love au cinéma démarre sur un homme caressant sa copine et par un premier orgasme masculin. Le ton est donné, le public est dans le bain. Les images sont crues, la volonté de ne rien cacher est présente. Ce sera ça durant tout le film Love, Gaspar Noé testant son spectateur au cinéma sur ses limites à voir de la pornographie sur grand écran, dans un lieu public. Alors si le spectateur aura la sensation de recevoir quelques gouttes de sperme grâce à l'effet 3D, c'est avant tout une histoire d'amour qui se joue, et c'est là tout le génie du réalisateur franco-argentin. Car Love est un film résolument romanesque et mélancolique, avec les souvenirs d'un homme nostalgique de sa plus grande histoire d'amour. Le « matin pluvieux » du synopsis de Love se transforme en fil rouge. Étonnamment, Love est le film le plus personnel de Gaspar Noé, par des références à son propre passif, et donnant même son nom à des personnages. Lors d'une scène, nous avons même la sensation que le réalisateur se parle à lui-même.

Une Romance Avant Tout

Les admirateurs des films de Gaspar Noé au cinéma comme Irréversible ou Enter The Void seront quelque déçus. Car l'esthétique de l'image est quelque bafoué avec Love, et c'est davantage orienté sur une romance que se pose le réalisateur, tout en préservant sa petite pâte-choc, mais subtile. Les plans-séquences très aériens dans Love restent un exploit, le jeu avec les cadrages et la profondeur uniquement grâce aux décors, restent une prouesse technique, et la parfaite utilisation de la 3D (enfin!) sont à honorer. Love profite d'une stéréoscopie totalement folle. On retiendra une scène de discothèque au début, incroyable de jeu sur le relief avec des lasers. Les spectateurs qui ont pu admirer ce film Love de 2015 en gardent un excellent souvenir, et si vous avez l'occasion de le voir projeter dans une salle indépendante près de chez vous, nous vous recommandons de vous y rendre sans plus tarder. Par le casting de Love, nous retenons surtout la performance d'Aomi Muyock, qui dégage un charisme unique. Karl Glusman fait son boulot sans réelle fulgurance, et Gaspar Noé résumera à merveille son film par cette citation : «Je n'aurais jamais pensé qu'une petite bite puisse encore choquer autant».

La conclusion

Love est le film de Gaspar Noé en 2015 le plus personnel et méta, sans en faire des caisses esthétiquement. Moins de technique ambitieuse, plus d'intime et de réalisme.

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